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Gardenia

Dernière mise à jour : 20 nov. 2020

Réminiscence.



Chaque été la canicule chasse les Viennois vers la campagne, la montagne ou la mer. Sigmund Freud ne dérogeait pas à cette transhumance vitale. Dans une lettre adressée à Fliess le 11 mars 1900, il écrit à Fliess : " J’ai voué à Vienne une haine personnelle et, à l’inverse du géant Antée, je prends des forces nouvelles chaque fois que je pose le pied hors du sol de la ville paternelle."

Ses pérégrinations annuelles le conduisent régulièrement sur les terroirs où l'huile d'olive et le vin s'entremêlent.


Bien qu'il ne soit pas connu pour ses extravagances, Freud savait apprécier le vin. Je ne sais pas s'il l'aimait vraiment ou s'il savait simplement prendre la mesure du rite social, notamment à travers les flacons que lui offraient ses amis et son attirance pour la variété des vins français servis à la table de Charcot.

On sait qu'il prenait chaque dimanche plaisir à déjeuner en centre ville et prendre un verre en famille.

On sait qu'il acheta des bouteilles pour ses proches et une plume pour Martha avec son premier salaire.

On sait également qu'il savait se plaindre des mauvais vins comme l'illustre son aventure à Tivoli lorsqu'il remet en place un serveur en lui faisant remarquer que son "breuvage sentait le permanganate de potassium." (Lydia Flem - La vie quotidienne de Freud - Seuil, Librairie du XXIe siècle, Paris, 2018).

il aimait l'Italie pour son histoire humaine et monumentale, pour ses bains de mer et de soleil, pour sa joie d'exister… Le vin généreux liait tout ceci.


Mais savait-il jouir du vin ?


Peut être oui, ou plutôt savait-il s'en servir pour fixer ses souvenirs heureux. A Vienne, lorsqu'il sortait, il aimait accrocher à sa boutonnière une fleur de Gardenia. Le parfum dense de cette fleur était pour lui la réminiscence de ces vins capiteux du sud de l'Italie, ultime trace sensorielle de ses moments de pleine existence hors de Vienne, cette ville qu'il semblait tant haïr.



J'envie Freud d'avoir réussi à exister avec cet écho sensoriel. Dans ma société actuelle, sans passer pour un dandy narcissique, il m'est totalement impossible de porter à ma boutonnière une rose ou une violette me remémorant où que je sois ces soirées amicales où nous glosons sur la rondeur du Pinot noir ou ces simples déjeuners à l'ombre d'un bois où nous nous satisfaisons avec bonheur de l'évanescence délicate d'un Chardonnay fleurant l'aubépine ou le tilleul.


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