Séance photographique au cimetière militaire de Marfaux (51)
- Fabrice LAUDRIN
- 24 juin 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 nov. 2020

A 4km à l'ouest de la sculpture d'Emilien FENEUIL à Chamery, par delà l'horizon barré par les contreforts de la Petite Montagne de Reims se situe le cimetière militaire de Marfaux.
Ils ont en commun des alignements nets et tranchants, tirés au cordeau. Les parcelles du vignoble de Chamery griffent méthodiquement la vallée emmitouflée dans le cirque naturel. Les allées de croix du cimetière de Marfaux ratissent la plaine ouverte avec autant de sérénité qu'un jardin de petits cailloux blancs.
Tous les deux ont eu à subir les vagues d'acier de la Grande Guerre. Tous les deux ont été le théâtre des profondeurs sombres de notre évidence grégaire. Et pourtant, tous les deux, avec autant de puissance, sont propices à ce doux et pur retour au Soi.
A Marfaux, j'y sacrifie régulièrement à ma nature agréablement solitaire, à cet hédonisme profondément égocentré et à la mesure dont nous sommes individuellement aux choses et au temps.
Et même si ce lieu est propice à converser avec mon Soi, il y manquait mon empreinte. Ou plus précisément ma trace sur mes futurs souvenirs de ce lieu capital.
Je me suis souvent tenu devant ces tombes de très jeunes Allemands ou Anglais en laissant sans honte le plaisir d'être ici et maintenant à un age qui devient canonique. Je me laissais pénétré de cette conscience d'être. Je les imaginais la poitrine stoppée en pleine course ou la cervelle éparpillée aux quatre vents. Potentiels ayant tout juste vécu sans avoir eu le temps d'exister.
J'y ai donc convoqué ma compagne, celle qui ancre mon plaisir à exister et ma fille celle qui panse cette horrible question du "Tout ça pour ça ? "...
Et elles y ont tourné, posé… pleines de vie.

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