top of page

Sein éternel


Ceux qui me connaissent ici savent que ma vie est nourrie par mes deux métiers, celui lié à la psychanalyse et pour encore quelque temps celui lié à l’archéologie.

Parfois, souvent, ces deux pôles se mêlent, on parle pour les deux de couches, fossés, liaisons stratigraphiques et relativité de l’histoire, les deux ont pour objectif de comprendre l’homme dans son contexte.


Par réflexe de se poser au centre des choses, l’homme a la faculté de nommer ce qui l’entoure et encore plus particulièrement ce qu’il utilise. Nommer est s’approprier, donner un petit nom est marquer la familiarité… mais doter les objets ou les animaux de noms attribués usuellement à l’espèce humaine dénote une proximité particulière, privilégiée, avec ceux-ci. La bouche du cheval en est l’illustration majeure.


La typologie archéologique attribuée à l’amphore n’est pas en reste. On pense l’amphore comme morphologiquement féminine. Pour la décrire nous utilisons les termes de bouche, col, épaule, panse, pied… ce dernier, entre nous, sur le chantier est plus usuellement dénommé cul.


Féminine, mais étrangement sans sein ni hanche… à croire que la panse déborde sur tout le reste.


Pourtant ce matin en rangeant le dépôt du labo j’ai mis la main sur un sein parfait, téton en bataille… reconstruit certes, mais absolument envoûtant… le pied d’une amphore.

Il y a quelque chose d’indécent et attirant, un sein ayant si ouvertement subi les outrages du temps et si vivifiant.


Est-ce le téton dressé vers la vie ?

Je me pose alors la question : comment faire pour donner à un sein l’aspect de la jeunesse éternelle ?



 

Pour le fun et le vocabulaire anthropomorphique de la céramique... «Trop mangé... panse explosée ! »



 

Crédit photographique : Fabrice Laudrin (fabrice.laudrin@journalist-wpa.com)

51 vues0 commentaire
bottom of page